On est d'accord qu'il y a un souci quant à la considération du cinéma d'animation, cette phrase de Gilles Jacob révèle précisément le problème :
"Thierry Frémaux a contribué à relancer l’animation, comme il a contribué à relancer le cinéma de divertissement. Ces films permettent de détendre l’atmosphère quand la tonalité de la sélection est sombre. »Merci de nous attribuer le rôle de bouffon Mr Jacob, dans cette cour du cinéma "sérieux", mais le cinéma d'animation peut parler de sujets aussi sérieux voir sombre, que le cinéma en PVR.
Si je pousse un peu ça voudrait dire, que, si la tonalité de la sélection n'est pas sombre ... on a plus besoin des films d'animation ...?
(je délire un peu mais c'est tellement absurde cette phrase)
Une question qui pourrait être intéressante à creuser, c'est comment, en naissant en même temps, le cinéma PVR (prise de vue réelle) et d'animation peuvent ils avoir autant d'écart en termes de réception (du public et des professionnels ), de production et de diffusion ?
Sont ils plus difficiles d'accès par leur éloignement au réel ? Plus chers à produire ? ...
Un des point de vue de
Marcel Jean sur lequel je me questionne c'est celui que tu cites plus haut Cé :
L'animation n'est ni un genre ni un format. C'est du cinéma, point à la ligne.
Je trouve pour ma part que la manière de faire un film en PVR (prise de vue réelle) est tellement différente de celle d'un film d'animation que j'ai du mal à les mettre sur la même échelle de comparaison.
Ne serait ce que le rapport au
montage, qui se fait AVANT l'étape de la production pour l'animation, et APRES pour la PVR. Cette partie est tellement énorme en terme de logistique qu'elle a obligatoirement un impact sur la manière de créer l'oeuvre.
(C'est d'ailleurs une partie que j'envie au cinéma PVR, c'est de pouvoir accumuler des heures de matières et de faire son film avec ça, tester des choses , etc... alors que c'est tellement laborieux de produire quelques minutes en animation, fin de la parenthèse )
Après, on est d'accord,
cinéma = audio + visuel + bloc de temps , le tout sur un écran.
Mais on peut dire pareil du documentaire non ? Pourtant est ce que vous iriez le mettre en compétition dans la même catégorie que les films de "fiction" ?
L'approche de création est là encore totalement différente, la matière nous est fortement imposé, contrairement au cinéma d'animation et PVR.
J'affirme rien, je questionne.
Enfin, je dirais à titre personnel que ça me fait ch... d'être représenté - en tant que réalisateur - par les films PIXAR et autres superproductions américaines.
C'est en partie une question de goût, mais pas que. En promouvant exclusivement ce type de production (à gros budget, sans prises de risques artistiques, et sans vision personnel) on se "diverti" c'est sûr, mais en même temps on tue la diversité. Parce que en contrepartie les films d'auteurs sont mis dans l'ombre, car les conditions de productions d'un film d'auteur sont assez décourageantes. Le résultat c'est que pour la plupart des gens
"le cinéma d'animation c'est pour les enfants". Même après 120 ans de production, la BD a fait un bon bout de chemin là dessus, le jeu vidéo aussi, alors c'est quoi qui bloque pour l'animation ?
(Vous me dites si je pars dans tout les sens
)
Voilà où j'en suis dans ma réflexion, et vous ?