cé a écrit:....Mais qu'y a-t-il encore de normal dans les productions estudiantines qui dépassent maintenant souvent de loin en qualité une grosse partie de la production "classique" ?...
Je suis d'accord.
On ne peut rien faire si les films "mentent" sur leur provenance...quoi qu'il y a des génériques et que les écoles sont assez attentives aux copyright qui les concerne. Mais c'est vrai que c'est très fastidieux et chiant. Effectivement...
Mais pour la partie "qualité" et ta mise en parallèle de la production "classique" qui serait dépassée en terme de qualité... je ne partage absolument pas ton approche. C'est très exactement à cet endroit que cet effet "qualité" crée une confusion. Personnellement je ne suis pas dupe. Et cela crée une concurrence malsaine dans laquelle je refuse d'entrer. Il n'y a pas de concurrence. Et il y a rarement des comparaisons "justes".
Il y a un grand nombre de raisons pour ça. Je ne vais pas toutes les énoncer ici, ce n'est pas le lieu. Mais ce que je peux dire, c'est qu'un film ce n'est pas seulement ce qu'il y a à l'écran et qui n'est que la partie visible de ce qu'il est. Du moins dans ce cas précis.
Pour un public qui consomme, tout le monde s'en fout...mais dans le cadre d'un Festival très professionnel qui distingue un travail, on ne le peut pas, on ne le doit pas.
Il y a une énorme différence entre la conception d'un film à l'abri de toutes contingences économiques, pour lequel un environnement pédagogique à permis d'éviter des écueils liés à la conception même du film, à son visuel et aux moyens mis en oeuvre pour l'écriture et la réalisation, en d'autres termes des profs ou intervenants professionnels, qui ont des années de métier et qui sont pas là pour faire du café et servir de pousse bouton..
...et un film fait seul, ou dans des conditions où ce que l'on apprend, on l'apprend seul. Car je suis désolé, mais à la sortie d'une école aussi bonne soit-elle, on a encore beaucoup de choses à apprendre.
Il faut donc réussir ledit film avec la quantité astronomique de galères et de prises de tête pour trouver du pognon, des collaborateurs gratos, du matos gratos, des licences de soft gratos, des conseils à volonté gratos.... tels qu'on les a dans une école où tout est là!...dans la vraie vie hors d'une école, on a pas souvent ce genre de chance. Pas de cadeaux. Même pour les petits génies!
Et je ne parle pas de la motivation et de l'émulation qui, une fois hors d'une école, sont beaucoup moins évidentes à gérer.
Et quand on doit se coltiner tout ce bordel, il faut être très zen et très déterminé pour faire exister un film dans les meilleures conditions possibles.
Bref, pour ne parler que de ces aspects là, un film d'étudiant, aussi réussi soit-il, a bénéficié d'un environnement très particulier qui a concouru à sa réussite. On doit en tenir compte.
Ça n'enlève rien à la qualité de l'oeuvre, mais dans un lieu aussi précis qu'un festival comme Annecy, où la pratique du film d'auteur est mise à l'honneur, et où le déferlement des films d'étudiants est en train de transformer la manifestation en lieu de reconnaissance faussement incontournable... je ne pense pas qu'il soit inutile de préciser les choses et de nuancer un peu plus cette "performance" du film d'étudiants.
Yo!
