Le site www.fousdanim.org n’est plus mis à jour depuis le 10 juillet 2015. Les outils de recherche sont toujours actifs mais nous vous invitons à aller ailleurs pour trouver des lieux plus vivants dédiés au cinéma d’animation.

DAVID SHRIGLEY

Les autres productions (ou les productions des autres) trouveront leur place ici ...

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Messagepar MariePaccou » Sam Mai 08, 2010 3:29 pm

... ou le génial degré zéro de l'animation?

David Shrigley est un artiste anglais, qui m'impressionnait, quand j'étudiais à Londres, par la folie et le côté "art brut" de ses dessins.

un exemple au hasard, pris sur son site web: http://www.davidshrigley.com/:
Image

Je ne sais pas si chaque dessin est drôle, mais l'accumulation (en une sorte d'écriture automatique), l'est, assurément.

Et puis un jour, à la galerie Yvon Lambert (oui, notre homme fait son chemin dans l'art contemporain), j'ai vu qu'il s'était mis à l'animation (ça devait arriver!), avec un film Who I am and what I want, en collaboration avec Chris Shepherd, qui est un des directeurs de SLINKY PICTURES (un studio d'anim londonien bien déjanté):
http://www.slinkypics.com/showreel/2D/who-i-am-and-what-i-want/

plus tard, j'ai même découvert un de ses films... à la Tate Modern:


Vous pouvez voir tous ses films... d'animation?, qui sont tous sur youtube, depuis son site web par exemple:
http://www.davidshrigley.com/animation/animations.html

J'ai hâte de savoir ce que vous en pensez ! En tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est un exemple très rassurant pour les jeunes étudiants qui ont peur de ne pas savoir assez bien dessiner !!
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar Gaetan le Hobbit » Dim Mai 09, 2010 10:01 am

Son travail est intéressant, y'a comme une mini poésie sympathique, même si on a du mal à savoir "où il veut en venir" dans ses films...
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar » Dim Mai 09, 2010 1:24 pm

J'adore lightswitch, je trouve ça positivement génial et pas mal des autres sont du même tonneau.


mariepaccou a écrit:ce qui est sûr, c'est que c'est un exemple très rassurant pour les jeunes étudiants qui ont peur de ne pas savoir assez bien dessiner !!


Mais c'est à double tranchant. A la fois on peut se féliciter de voir des gens enthousiastes mais piètres dessinateurs s'approprier le média animé, à la fois on peut regretter un manque de maitrise des moyens graphiques et l'impossible adaptation de ces profils à des productions quand il sortent de ce qu'ils savent faire... En animation quand on veut bosser autrement que dans le circuit "auteur" (et même dedans) il est bon de savoir s'adapter à des styles, des écritures, qui sont assez variées.
C'est le paradoxe du style contemporain en illustration, bédé et aussi en animation. On ne sait plus trop si le coté malhabile, fragile, mièvre, est maîtrisée ou le simple résultat d'une réelle mièvrerie, maladresse ou fragilité.

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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar zac » Dim Mai 09, 2010 2:32 pm

cé a écrit:Mais c'est à double tranchant. A la fois on peut se féliciter de voir des gens enthousiastes mais piètres dessinateurs s'approprier le média animé, à la fois on peut regretter un manque de maitrise des moyens graphiques et l'impossible adaptation de ces profils à des productions quand il sortent de ce qu'ils savent faire... En animation quand on veut bosser autrement que dans le circuit "auteur" (et même dedans) il est bon de savoir s'adapter à des styles, des écritures, qui sont assez variées.
C'est le paradoxe du style contemporain en illustration, bédé et aussi en animation. On ne sait plus trop si le coté malhabile, fragile, mièvre, est maîtrisée ou le simple résultat d'une réelle mièvrerie, maladresse ou fragilité.

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Hum, tu parles de deux choses différentes: les animateurs "techniciens" capables d'animer n'importe quoi et de s'adapter, généralement au service de l'industrie (rien de péjoratif là dedans hein..) et les animateurs plus "autharciques" qui ont développé leur propre style en fonction de leurs "limites", envies ou surtout de leurs besoins de mise en scène. Et non seulement il y a beaucoup d'exemples de ce dernier cas, mais en plus une grande majorité d'entre eux n'iront jamais chercher à s'adapter aux spécificités de la première catégorie. La qualité et la maîtrise de leur travail peut se mesurer à la répétition ou aux suites qu'ils font de leurs boulots, et qui fini par former un ensemble cohérent, que ce soit d'un point de vue plastique, ou cinématographique. Donc, la faculté d'adaptation à d'autres univers graphiques ne les concerne pas et n'est pas, je crois, un élément déterminant dans la qualité de leur travail.
Enfin, en ce qui concerne les étudiants et la partie pédagogique évoquée par Marie, c'est une question de méthode et de contexte: tu peux convaincre quelqu'un qui a envie de mise en scène et d'animation et qui est persuadé qu'il n'arrivera à rien car il est nul en dessin, qu'il peut faire de la mise ne scène très efficace sans une bonne connaissance du dessin (au sens classique du terme), en maîtrisant ses "défauts" et en créant des solutions graphiques appropriées à ses besoins. C'est à partir de ces solutions et inventions qu'il pourra peut être créer son propre style. C'est une approche très intéressante de la mise en scène graphique animée... ce n'est pas la seule, mais elle permet de franchir des étapes et d'aller plus vite vers des choses toutes aussi essentielles.
Bien entendu, cela ne concerne pas les formations à finalité professionnelle...
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar MariePaccou » Dim Mai 09, 2010 3:38 pm

Je suis contente alors de vous avoir fait découvrir David Shrigley.

Au demeurant, son style n'est pas bien éloigné de celui de Mike Judge, qui a eu un sacré succès commercial.
David Shrigley est en quelque sorte le cousin britannique et chanceux de Butthead qui aurait fait son trou dans le monde de l'art contemporain.

Est-ce que vous connaissez cet épisode de Beavis and Butthead? (très pédagogique aussi, je trouve! même si -ou parce que?- le professeur d'animation en prend pour son grade!!) Animation sucks? (pardon pour le gros mot)
http://www.youtube.com/watch?v=sYDngZx4mk8
(attention, en VO sous-titrée espagnol)

Moi, j'ai un côté classique, j'ai bien peur de ressembler à Cassandra, la fille à lunettes de l'épisode ci-dessus, besogneuse et peu inspirée, mais je ne peux pas m'empêcher d'être jalouse de la désinvolture des deux cancres du fond de la classe, qui n'ont absolument RIEN compris à la technique, mais au final, produisent le film le plus COOL du lot !!

De même je suis assez jalouse de David Shrigley. Mais c'est vrai, que si les "auteurs" d'animation sont rares, ils sont encore PLUS rares ceux qui, à l'instar de Robert Breer, William Kentridge, et David Shrigley, ont réussi à imposer leur génie artistique et leur style d'animation (maladroit?) dans le monde de l'ART, ce qui leur donne la liberté la plus grande.

... ça n'empêche pas d'être curieux de leur travail, car ils ouvrent de sacrées portes. Qui seront peut-être enfoncées quelques années après par l'industrie!!!
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar » Dim Mai 09, 2010 4:59 pm

zac a écrit:La qualité et la maîtrise de leur travail peut se mesurer à la répétition ou aux suites qu'ils font de leurs boulots, et qui fini par former un ensemble cohérent, que ce soit d'un point de vue plastique, ou cinématographique. Donc, la faculté d'adaptation à d'autres univers graphiques ne les concerne pas et n'est pas, je crois, un élément déterminant dans la qualité de leur travail.


Hmmm... D'où la reconnaissance d'un artiste à sa faculté à produire de façon monomaniaque des déclinaisons d'un univers graphique qui devient personnel à force de répétition. Une qualité qui se juge à la quantité, produit de cette persévérance ?

C'est bien d'avoir des envies de mise en scène, le problème c'est qu'environ 100% des spectateurs de Miyazaki les ont ces envies. Et qu'ils viennent grossir les rangs des postulants aux métiers de créateur de ces univers qu'ils trouvent si séduisant.
Je caricature bien sur, mais je me souviens d'un postulant trentenaire à une équivalence en animation plein de morgue qui soutenait que Pixar c'était pas joli joli, que lui avec ses paysages réalisés sur Vue D'esprit il allait mettre un peu d'ordre dans cette industrie. On épluche aussi un tas de dossiers d'idéalistes qui pensent que bidouiller avec Photoshop suffit pour suivre une formation artistique.

zac a écrit:Bien entendu, cela ne concerne pas les formations à finalité professionnelle...


Ah bin d'accord... :)

Ne vous méprenez pas, j'ai toujours préféré Peyo ou Trondheim à Wendling ou Guarnido, la virtuosité m'emmerde, mais il y a une efficacité graphique minimale a avoir pour faire son chemin dans l'animation et y gagner de quoi subsister, me semble-t-il. Mais tout dépend bien évidemment des objectifs qu'on se donne.

Là où il y a aussi un élément intéressant dans l'exemple de Shrigley c'est cette séparation entre plasticien utilisant l'animation et cinéaste d'animation. Le circuit des galeristes et de l'art contemporain et celui des festivals et de la production des courts métrages. Ils sont souvent hermétiques l'un à l'autre alors que souvent les passerelles seraient possibles.

Mais de fait, merci pour le lien marie.

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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar » Dim Mai 09, 2010 5:08 pm

Pfff j'écris n'importe quoi.
:?
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar MariePaccou » Dim Mai 09, 2010 5:15 pm

de rien, cé!

En tout cas, Shrigley a déjà fait quelques incursions dans l' "industrie".
J'ai trouvé un clip... de Blur!



et une pub... pour des traditionnels pulls écossais !!



Mais c'est vrai que l"industrie", en Angleterre, est peut-être un poil plus dingue qu'en France (tout fous que nous soyons, ou que nous voudrions être).
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar zac » Dim Mai 09, 2010 5:26 pm

cé a écrit:Pfff j'écris n'importe quoi.
:?


Héhé!..non, pas du tout... :)
Je sais où tu es dans tout ça, c'est très clair..et je suis d'accord avec tes nuances... :wink:
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar MariePaccou » Dim Mai 09, 2010 5:56 pm

Moi, je crois qu'on est tout à fait d'accord, avec Cé.
Le semblant de polémique vient peut-être d'un petit réflexe de "compétition pédagogique"..?

Mais je ne suis pas pour favoriser la morgue des candidats "malhabiles", prétentieux et paresseux. Seulement certains virtuoses sont tout aussi prétentieux, et... paresseux du ciboulot, et... malhabiles du scénario!

L'essentiel, c'est de mettre tout le monde au travail ! à ce titre, l'exemple Shrigley peut dans un premier temps décomplexer les malhabiles, qui trouveront bien vite l'utilité des apprentissages techniques. Et puis, peut-être, remettre en question les certitudes des adroits..?

Mais ce forum aussi, est un lieu où experts et va-comme-je-te-pousse se rencontrent. Et je trouve que ça fait avancer des deux côtés.

Eum, ou alors je parle comme Mr van Driessen, le prof de Beavis et Butthead ?... genre: ne nous faisons pas la guerre, notre sang a la même couleur!!!
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar » Dim Mai 09, 2010 8:50 pm

L'essentiel, c'est de mettre tout le monde au travail !


T'as raison faut les mettre au boulot ces faignasses, travailler plus pour gagner plus ! :D

un petit réflexe de "compétition pédagogique"..?


Boah pitète bien. :oops:

Marrant, la pub Pringle of Scotland je l'avais vue.
Bon, en tout cas il y a une authenticité rafraichissante.
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar Lamartine » Lun Mai 10, 2010 12:24 am

Je suis un peu circonspect... Et je me demande quand s'arrêtera cette mode de dessiner des poils de cul au dos d'un paquet d'Al bran pour essayer de ressembler à un artiste qui a du propos ...
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar kachoudas » Lun Mai 10, 2010 1:28 am

MariePaccou a écrit:
De même je suis assez jalouse de David Shrigley. Mais c'est vrai, que si les "auteurs" d'animation sont rares, ils sont encore PLUS rares ceux qui, à l'instar de Robert Breer, William Kentridge, et David Shrigley, ont réussi à imposer leur génie artistique et leur style d'animation (maladroit?) dans le monde de l'ART, ce qui leur donne la liberté la plus grande.


Pour ma part, j'aime assez Shrigley (merci Marie), sans sauter au plafond, mais j'adore Kentridge.

Par contre, sur les animateurs qui percent dans le monde de l'ART, je te suis moins... déjà j'aurais écris dans le microcosme de l'art...

Entre autre sur la liberté artistique : c'est aussi un monde (celui des grandes galeries internationales à la Yvon Lambert) régis par des codes très précis, très complexes, où le regard des uns sur les autres est assez violent. Il y a des compromis à faire aussi pour être exposé chez Yvon Lambert. Ces compromis peuvent ponctuellement correspondre aux envies de tel ou tel artiste, mais ça n'en fait un milieu plus libre pour autant de contraintes...

Par ailleurs il y a aussi des contraintes financières et contractuelles... Un producteur m'avait dit que dans le cas d'un animateur célèbre dans ce milieu, quand des collectionneurs lui achètent une oeuvre (c'est de ça qu'il s'agit au final), elle ne doit pas être montrée en dehors de galeries et de musées, lors de rétrospectives... Je crois qu'il s'agissait de Kentridge, mais je ne suis plus très sur de moi sur le nom.
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar kachoudas » Lun Mai 10, 2010 4:13 am

cé a écrit:
Là où il y a aussi un élément intéressant dans l'exemple de Shrigley c'est cette séparation entre plasticien utilisant l'animation et cinéaste d'animation. Le circuit des galeristes et de l'art contemporain et celui des festivals et de la production des courts métrages. Ils sont souvent hermétiques l'un à l'autre alors que souvent les passerelles seraient possibles.


Tout à fait d'accord.
Pour ce que j'en ai rencontré, cette séparation peut venir d'une part de l'attitude du milieu de l'art contemporain (la morgue à l'endroit des autres arts n'étant pas tout à fait rare), mais de notre coté, une certaine obsession pour le cinéma.

J'adorerai voir des spectacles de marionnettes contemporaine, par exemple dans les festivals d'animation. Et aussi voir les œuvres relevant de l'installation ou du vidéo-art présentées en exposition (en situation) et non sur le "grand écran de cinéma" pour lesquelles elles ne sont pas faites.
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar MariePaccou » Lun Mai 10, 2010 9:05 am

salut Jerôme!

Oui, je me doute, des compromis... j'imagine... comme à chaque fois qu'il faut "gagner sa croûte", non?... mais il y a quand même de la liberté, pour les élus du microcosme de l'Art, je veux dire, esthétiquement, par rapport à nous, besogneux de festivals:
la liberté de ne pas être jugé à l'aune du savoir-faire, la liberté de remettre en question ce qui chez nous fait partie des "évidences" du métier.

C'est pour ça que leur exemple est, pour moi, très ravigotant. Bien qu'inaccessible !!!

Par exemple, j'ai vu à Londres un documentaire sur Robert Breer, un cinéaste américain, ami de Man Ray, qui débuta sa carrière dans les années 1950: on le voyait faire des dessins animés, dans son atelier entouré de verdure, au gré de l'inspiration du jour, au gré des objets ramassés (feuille, clé..). Et il expliquait que, pour lui, la déformation ("involontaire", s'entend) était une donnée incompressible du dessin animé. Qu'alors que l'industrie s'échine (par une organisation hiérarchique, un formatage par les model-sheets, des checking...) à maintenir les proportions des personnages, leur ressemblance -de soi à soi- au long du film, lui, il considérait que la déformation, c'était bien une qualité du médium dessin animé, qu'au lieu de la combattre (tel sisyphe?), il l'acceptait: c'est, expliquait-il, ce qu'un artiste doit faire: utiliser un médium pour ses potentialités, et magnifier ces potentialités.

On a regardé le documentaire, on a soupiré... il est trop fort!, et on est retourné à nos tables lumineuses, où, sans travailler dans l'industrie, nous nous échinions pourtant, étudiants méticuleux, à respecter en quelque sorte nos propres modelsheets... esclaves de nous-même !!!

Alors les propos de Robert Breer étaient, c'est vrai, ceux d'un "animateur plasticien". Ce serait un peu comme un poète DADA déclamant au milieu de l'Académie Française...
Je ne sais pas comment en tirer parti dans mon travail, mais je les trouve réjouissants... j'aime bien être bousculée dans mes à-priori ! et il y a aussi le plaisir enfantin de voir déboulonné tout ce qu'on m'avait appris (et que je n'ai pas jeté au panier dans la foulée, je vous rassure...)

Si vous voulez voir une interview de Robert Breer (mais malheureusement, pas l'interview dont je parle plus haut), et à la fin de l'interview son film Récréations, qui date de sa période parisienne (et surréaliste), le tout en qualité correcte (à part ça, je n'ai trouvé que de piètres screeners sur le web)
http://www.der.org/films/screening-room-robert-breer-preview.html
Et ici un texte en français retraçant sa carrière:
http://www.frac-franche-comte.fr/scripts/fiche-exposition.php?id_expo=7

Enfin... vive les passerelles! et vive la curiosité!

(pour ma part, je découvre avec intérêt sur ce forum des productions jeu vidéo, monde qui m'était resté jusqu'alors assez inconnu)

:)
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar kachoudas » Lun Mai 10, 2010 10:52 am

MariePaccou a écrit:...mais il y a quand même de la liberté, pour les élus du microcosme de l'Art, je veux dire, esthétiquement, par rapport à nous, besogneux de festivals: la liberté de ne pas être jugé à l'aune du savoir-faire, la liberté de remettre en question ce qui chez nous fait partie des "évidences" du métier.


Je n'aurais pas utilisé "élus" ni "besogneux" ;) mais je vois ce que tu veux dire... Je suis assez d'accord. Même si je te trouve sévère vis à vis du monde de l'animation, il y a quand même pas mal d'artistes qui osent des trucs... rien qu'un Toccafondo ou une Miailhe (au moins dans ses premiers films)... ah oui, mais tiens, ce sont deux plasticiens à la base... !

MariePaccou a écrit:C'est pour ça que leur exemple est, pour moi, très ravigotant. Bien qu'inaccessible !!!

bin pourquoi inaccessible ?
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Re: DAVID SHRIGLEY

Messagepar MariePaccou » Lun Mai 10, 2010 12:01 pm

"inaccessible", pas en tant que spectateur: un petit tour dans les musées, les galeries, et même sur le web, permet de satisfaire sa curiosité. Et les enjeux de l'art contemporain sont beaucoup plus accessibles que certains ne le croient.
Mais "inaccessible" pour moi, professionnellement, si je voulais y faire mon trou, je veux dire. D'une part, le monde des artistes contemporains vivant de leur travail est petit, et dans ce monde, le microcosme des artistes usant du médium "cinéma d'animation" est encore plus petit (bien que bénéficiant actuellement d'un effet de mode, j'ai l'impression), et ne peut qu'être marginal. D'autre part, je pense que ces artistes viennent d'écoles de Beaux-Arts, où ils ont appris à conceptualiser leur démarche, ils ont appris les codes "art contemporain"... moi, je viens d'écoles d'arts appliqués, et de spécialisations cinéma d'animation... un enseignement tout autre!

Mais ça ne me chagrine pas, que ce monde me soit inaccessible (le mot "élus" était à prendre plus au sens de rareté que de supériorité)... quelque part, je dois avoir un côté cérébral, méticuleux, réservé (un côté Cassandra?) qui s'épanouit bien dans le monde de l'animation (que je trouve aussi assez préservé, et sympathique). Je voudrais faire du David Shrigley, j'en serais bien incapable! ça me plaît, ça me convient, de "besogner"... je ne peux même pas m'en empêcher... quand je veux faire simple, ça devient toujours compliqué, au final... mais je n'en tire pas gloire. Je reste un peu jalouse des bras-cassés rebelles du fond de la classe !!
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