Fous d'Anim

Oyé

J'ai vu hier soir et pour la première fois une projection des Aventures du prince Achmed de Lotte Reiniger à la condition publique de Roubaix. La projection était accompagnée d'une musique live produite par le trio nfl3 qui retranscrivait extraordinairement la modernité de ce qu'on peut considérer comme le premier long métrage d'animation, 11 ans avant le Blanche Neige de Disney.

C'est une adaptation des mille et une nuits, on y retrouve des choses d'une modernité étonnante, Aladdin, un combat de sorciers se transformant en animaux (cf Merlin) le tout avec des décors de toute beauté... une influence indéniable d'Ocelot tant dans le fond que dans la forme.

Une claque



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cé

ah tout de même ! Il sort des placards.

je suis bien contente que vous l'ayez vu monsieur Cé.

je trouve aberrant que Lotte Reiniger ait été évincée et si peu considérée dans l'histoire du cinéma. C'est une pionnière dans le cinéma d'animation. Très prolifique d'ailleurs.

Pierre Jouvanceau lui rend un bel hommage dans son livre "le film de silhouettes". Quant à moi, j'ai tenté à mon petit niveau de lui rendre un peu de ce qu'elle a pu m'apprendre dans mon mémoire sur le film de silhouettes, enfin bouclé.

Messieurs les professeurs d'animation, n'oubliez plus cette grande dame. "la reine des ciseaux" comme l'appelait Renoir.
Un musée lui est consacré à Tübingen, en Allemagne. Ses silhouettes sont de vrais chefs-d'oeuvre.

Ocelot a fait une conférence à l'occasion de la sortie d'Azur et d'Asmar. A propos des costumes des 2 princes, quelqu'un dans le public a fait remarquer que certains costumes ressemblaient drolement à ceux que l'ont retrouve dans princes et princesses. Rebondissant sur le sujet princes et princesses, un autre lui a demandé quelles étaient ses influences pour le cinéma de silhouettes et que pensait il du travail de Lotte Reiniger. Il a répondu qu'il avait fait de la silhouette car il n'avait pas de sous à l'époque et qu'avec du papier canson et des ampoules achetées à monoprix on pouvait faire des films. Et que le travail de Lotte Reiniger ne lui plaisait pas particulièrement... l'influence semble bien refoulée..

chocapic a écrit:que le travail de Lotte Reiniger ne lui plaisait pas particulièrement... l'influence semble bien refoulée..

??
C'est plutot étonnant ça dis donc.. Quel homme étrange.
bah
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c

cé a écrit: Quel homme étrange.

Tout comme son dernier film... il a commencé la conférence en disant "l'animation, on s'en fout".

Tout à fait.

Michel Ocelot n'a jamais mentionné Lotte Reiniger comme étant une de ses influences. C'est bien l'economie de moyens qui l'a mené aux films de silhouettes.

Lotte Reiniger était, elle, férue de théâtres d'ombres et n'avait qu'une chose en tête : voir bouger toutes seule ses silhouettes. Ses actrices comme elle aimait les appeller. Le cinéma encore naissant lui a permis cela.
Elle, se situe dans la branche baroque du genre, avec tout ce que cela comporte d'amoncellement de détails dans les contours des silhouettes et des décors, d'éxagérations des corps. Tout est très fourni. Le rythme est rapide.
On peut dire que Michel Ocelot, c'est tout l'inverse. Un rythme apaisé, des lignes et des courbes, une géomatrisation des contours, une épure du mouvement. Pas d'exagération. Pas de chichis.
En tout cas, tous deux ont été séduits, à leur manière, par la qualité esthétique et la puissance suggestive de la silhouette.

C'est assez extraordinaire comme phénomène, deux auteurs qui font des choses dont la parenté semble évidente mais qui y sont parvenus par des voies différentes !
Pourtant aussi bien dans la forme, les silhouettes, que dans l'animation - je pense à sa princesse insensible ou à Princes et princesses bien sur - mais aussi dans l'univers du conte... Bon évidemment il y a des différences, sans avoir étudié le sujet comme valentine, la gestion de l'espace chez Reiniger me semble bien loin de celle d'Ocelot, plus frontal, mais enfin on ne peut nier que les deux visions ont des points communs...
Mais il n'est pas impossible qu'Ocelot n'ait pu voir du Reiniger que sur le tard...

en tout cas c'est bien étonnant

+
c

Ce soir en rentrant chez moi je lis les journaux gratuits habituels. Arrivée au programme TV je jette un coup d'œil. Hier j'ai vu BRAZIL, il y a quelques bons films de temps en temps... IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, wé... GOOD BYE LENIN... je voulais le voir celui-ci tiens... J'erre dans la page et là... LES AVENTURES DU PRINCE ACHMED! Quoi??? Je vérifie dans le 20 minutes, idem! A 0H45 sur FRANCE2 Ce soir... Et bien et bien... Les deux journaux en main se discutent la date (1926 pour l'un et 1924 pour l'autre), mais indiquent bien que c'est un film d'animation avec 3 étoiles! Chouette non? J'attends quand même de voir ça de mes propres yeux!

dans le guide/programme de ma Box, pour la date, ils ont mis 1924/1926.
p'têt' bien qu'il lui a fallu 2 ans de production.
à "Genre : ..." ils n'ont pas mis "Animation", ou "film de sillhouettes", ou "ombres chinoises",
ils ont mis : "prodige de bouts de papier" !
j'aime beaucoup, car au bout du compte, Lotte, il lui fallait bien un genre à elle toute seule ...

Vu hier soir à la téloche, j'ai trouvé ce film épatant ! C'est ciselé, très bien animé et complètement fantaisiste. Bref, c'est un film remarquable et enchanteur

Moi je l'avais vu à Zagreb accompagné en live par du piano, très sympa.

Je suis tombé dessus aussi hier soir, mais j'ai pas réussi à accrocher...

Je pense il fauts emettre en condition pour regarder ça, pas arriver au hasard dessus en fin de soirée... (pis je crois que je suis pas tjs sensibles aux truc vieillot et de profil)

shalala a écrit:Messieurs les professeurs d'animation, n'oubliez plus cette grande dame.

Je te rassure beaucoup de profs ne l'oublient pas. Et comment l'oublier à part son immense talent elle a quand même réalisé le premier long métrage d'animation aujourd'hui visible (dans l'attente improbable que l'on retrouve un jour des copies des films de Quirino Cristiani).