Article dans La Croix sur le mépris de l'animation dans les festivals classiques :
http://www.la-croix.com/Culture/Cinema/ ... 19-1313734
Le site www.fousdanim.org n’est plus mis à jour depuis le 10 juillet 2015. Les outils de recherche sont toujours actifs mais nous vous invitons à aller ailleurs pour trouver des lieux plus vivants dédiés au cinéma d’animation.
MariePaccou a écrit:depuis que j'ai lu cet article, je rêve d'un Miyazaki président de jury qui remettrait une palme à, je ne sais pas, Kaurismaki? oui, peut-être Kaurismaki...
(sur fb on me dit qu'il faut que je me fasse une raison, mais c'est dur car j'adore l'idée)
Puisque mes propos concernant la présence du cinéma d'animation à Cannes, cités par Stéphane Dreyfus dans LA CROIX, ont suscité des commentaires après que l'article ait été relayé sur Facebook par Francis Gavelle, je me permets, en guise de complément d'information, de publier la totalité de ma conversation avec Stéphane.
S.D.: Estimez-vous que cette présence est suffisante ou que le cinéma d'animation manque de visibilité dans la sélection officielle (les quelques films sélectionnés le sont souvent hors compétition) ?
M.J.: On peut s'étonner du fait que plusieurs grands auteurs (Jan Svankmajer, Hayao Miyazaki, Isao Takahata, Satoshi Kon) n'aient jamais trouvé leur place dans la sélection officielle de longs métrages. Heureusement, au cours des dernières années, on a vu quelques films se frayer une place jusqu'en compétition. Je pense en particulier à PERSEPOLIS et à WALTZ WITH BASHIR. Je ne suis pas de ceux qui prônent davantage de visibilité pour le cinéma d'animation parce que je ne vois pas de différence entre l'animation et les prises de vues réelles : je considère qu'on devrait considérer tous les films du même oeil. Est-ce le cas actuellement? Voilà la question.
S.D.: Avez-vous le sentiment que les longs-métrages d'animation sont jugés à la même aune que ceux en prise de vue réelle ?
M.J.: Je n'ai jamais assisté de l'intérieur au processus de sélection cannois. Je sais toutefois qu'il est complexe et impitoyable, notamment à cause de la quantité de films soumis. Mon sentiment, qui dépasse largement l'horizon cannois, c'est qu'un peut tout le monde est mal à l'aise avec la notion de cinéma d'animation: producteurs, distributeurs, exploitants, sélectionneurs, critiques... Ce que j'entends régulièrement, à propos d'un film ou d'un autre, c'est qu'on ne veut pas le positionner en tant que film d'animation... On cherche donc à le faire passer pour autre chose, à dire qu'il s'agit d'un documentaire animé (WALTZ WITH BASHIR), d'une autobiographie (PERSEPOLIS), etc. On ne sait pas vendre l'animation autrement que lorsqu'il s'agit de films pour enfants. Dans un tel contexte, quand on cherche à attirer autre chose que le public familial, on ne doit absolument pas dire qu'il s'agit d'animation.
S.D.: Serge Bromberg expliquait lors du 50e anniversaire d'Annecy que l'équipe des Jica avaient pris conscience à la fin des années 50 "que les petits personnages dessinés ne feraient jamais le poids face à Brigitte Bardot". Pensez-vous que cela est toujours une réalité ?
M.J.: Cannes a ses propres rituels, comme celui du tapis rouge et de la montée des marches. Quand on a Eddie Murphy, Cameron Diaz et Mike Myers qui font des voix, c'est tout bon, quand c'est Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve, ça va toujours bien, mais quand tu n'as aucune vedette, c'est sans doute un peu plus compliqué... Mais, globalement, l'animation demeure un mode d'expression privilégié dans l'univers du court métrage. Et c'est d'abord là que je m'étonne du peu de performance du processus de sélection cannois. Cannes a réussi à rater la plupart des grands courts métrages d'animation des dernières années. Il faut remonter à WHEN THE DAY BREAKS, en 1999, pour retrouver en compétition un film qui a marqué l'histoire du cinéma d'animation. En parallèle, depuis le début du XXIe siècle, les meilleurs courts métrages d'animation sont plutôt passés par la Semaine de la critique, qui pourtant présente moins de films. Voilà qui me semble plus révélateur.
S.D.: Gilles Jacob m'a dit qu'il trouvait bon que ces films soient présents dans la sélection officielle car ils permettaient de "détendre l'atmosphère". Cette perception de l'animation comme un cinéma divertissant est-elle la manifestation d'une méconnaissance de la production actuelle par Cannes ?
M.J.: Vous devriez lui demander de s'expliquer. Autrement, je suis évidemment d'accord sur le fait que les films de Pixar ou de Dreamworks sont de grands divertissements. Quant à WALTZ WITH BASHIR, je l'ai vu avec deux amis libanais qui n'étaient pas spécialement détendus à la fin de la projection.
S.D.: Pensez-vous qu'un prix récompensant le cinéma d'animation à Cannes serait une bonne idée pour lui assurer une meilleure visibilité sur la Croisette ?
M.J.: Non, je ne crois pas à ce genre de choses. L'animation n'est ni un genre ni un format. C'est du cinéma, point à la ligne.
L'animation n'est ni un genre ni un format. C'est du cinéma, point à la ligne.
L'animation n'est ni un genre ni un format. C'est du cinéma, point à la ligne.
Jeremie-C a écrit:Une question qui pourrait être intéressante à creuser, c'est comment, en naissant en même temps, le cinéma PVR (prise de vue réelle) et d'animation peuvent ils avoir autant d'écart en termes de réception (du public et des professionnels ), de production et de diffusion ?
Sont ils plus difficiles d'accès par leur éloignement au réel ? Plus chers à produire ? ...
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