david a écrit:Je suis beaucoup plus enthousiaste par le fait que Madagascar soit aux oscars que pour L'illusionniste...
Je n'ai pas été transporté par ce film, mais surtout, on a l'impression que la plupart des films (d'anim ou pas) français qui ont des chances de concourir aux oscars partent toujours de clichés bien français qui plaisent tant aux américains... (d'où mon enthousiasme pour Madagascar qui fait exception à la règle). Si L'illusionniste se passe plus souvent en Écosse qu'en France, on garde cet esprit vieille France avec les dodoches. Je ne critique pas ce film pour cette raison, mais du coup, on a un peu l'impression que n'importe quel film français qui utilise lui-même les clichés français (Amélie Poulain, La môme, Astérix, les Ch'tis...) remportera au moins une nomination ou en tout cas, un certain succès...
Hum, possible pour une partie des arguments.
Mais je ne vois pas une profusion de stéréotypes dans l'Illusionniste. Et la présence de clichés n'est pas en soi un soucis. C'est ce qu'on en fait qui peut poser problèmes.
Ce n'est pas parce qu'un film utilise un cadre et un contexte relié à une représentation stéréotypée, qu'il en fait du stéréotype. Sinon, c'est les 2/3 de l'histoire du ciné qu'il faut jeter.
Dans les triplettes de Belleville, le cadre et le contexte sont stéréotypés chez les américains, mais le film ne s'en sert que comme point de départ et ne génère pas du cliché.
Il ne faut pas prendre les américains pour des imbéciles non plus. Ce qui va se passer aux Césars est autrement plus crétin et plus grave. L'Animation va y être traitée par dépit au mépris de toute règle qui différencie un court métrage d'un long.
De plus, le film de Chomet ne concours pas dans une catégorie qui pourrait justifier son identité. Il n'est pas dans la catégorie des films étrangers, mais bien dans celle des longs d'Anim, tous pays confondus.
Il a été sélectionné pour ses qualités cinématographiques... pas pour son origine... ni pour son succés commercial.
Les critiques américains ont fait des commentaires très intéressant sur ce film, très loin d'une séduction par la baguette et le béret, le gai Paris ou la Tour Eiffel... ils ont parlé de cinéma et de mise en scène.
Même si on sait à quel point ce type de manifestation subit des enjeux quelques fois très éloignés de toutes considérations artistiques, les Oscars me semblent plus "justes" que les Césars.
Y figurer est un bel exploit, quand on sait à quel point ils sont américano américains en terme d'effets et de codes de mise en scène.
Alors, ne pas aimer ce film est une chose tout à fait légitime... mais réduire sa présence aux Oscars à la présence de stéréotypes frenchy ne tient pas.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce film qui recycle, qui clône un acteur-réalisateur, et, presque ses tics de mise en scène... c'est un cas intéressant et assez unique dans le cinéma d'Animation.
Et il ne fait aucune concession esthétique et narrative au marché habituel, aux visuels habituels, aux récits habituels. Je ne dis pas que c'est un chef d'oeuvre, mais sa singularité et ses qualités le distinguent suffisamment pour être remarquable. Les américains ne s'y sont pas trompés. Ils n'y ont pas cherché de l'entertainment à tout prix. Réflexe assez courant chez eux. Mais la qualité et les choix de la mise en scène.
Ce film était un pari risqué. Je ne peux pas dire que c'est tout à fait réussi. Mais la tentative est osée....et c'est aussi le fait de s'y être risqué qui comporte des qualités. C'est un peu l'enjeu compliqué de ce film qui est nominé aux Oscars.