
Dossier de presse a écrit:Au cœur de la grande forêt, peuplée de bêtes sauvages et d’esprits à tête animale, vit un jeune sauvageon de dix ans, le Fils Courge. Il est élevé par son père, un sévère colosse à la barbe géante, grand chasseur et mangeur de chair fraîche, qui lui a toujours dit que le monde s’arrêtait à la lisière de la forêt.
Un jour pourtant, pour sauver son père blessé, le garçon tente le tout pour le tout et s’aventure hors de la forêt. C’est ainsi qu’il découvre un village voisin, où il fait la rencontre de Manon, la fille du docteur qui a accepté de soigner son père.
Avec Manon, le fils Courge apprendra tout de ce nouveau monde dit civilisé, où les fantômes n’existent pas mais les ogres oui. Car ici l'on raconte que le père Courge est un ogre... Et les ogres, c’est bien connu, ne sont pas des pères comme les autres.
Echaudés par une file d'attente au Tri Postal™ pour Fantastic© de Lille®, j'ai traîné ma petite famille voir Le jour des corneilles quelques jours avant sa sortie.
L'histoire est donc celle d'un enfant sauvage filiforme élevé à la dure par un colosse mutique et colérique qui le tient reclus dans une immense forêt. Il entretient des relations avec des esprits à têtes animales qui le conseillent et l'aident malgré le fait qu'ils ne parlent pas.
Suite à un orage, le père tombe dans le coma en se brisant la jambe. Le fils courge décide donc de braver l'interdit et de sortir de la forêt en traînant son père sur un chariot de branchage. Il se retrouve dans un village où il refourgue son paternel à un médecin, ce dernier comprenant la situation avec bonhomie et un naturel confondant confie le jeune aux soins de sa fillette. Le garçon va se rendre compte que son père n'est pas le bienvenue dans ce village et que s'il est parti vivre dans les bois c'est à cause de relations conflictuelles et d'inimitiés entre familles.

De bonnes choses dans ce film qui ne manque pas de poésie dramatique. De bonnes intentions plutôt d'ailleurs parce que l'ennui s'installe quand même assez rapidement et rares sont les situations qui ont éveillé mon intérêt.
Il y a un beau travail de décors, les personnages et designs - signés Serge Elissalde - sont chouettes, je dirais même que les voix sont convaincantes (à part celle de Chabrol, en docteur débonnaire sans aucune aspérité ni intonation...), mais j'ai trouvé l'histoire peu crédible, avec trop de zones bancales pour être vraiment prenante.
Pas assez exploitée la sauvagerie du gamin, totalement inutile cette soldatesque grimaçante gaspillant ses munitions au tir aux oiseaux, une guerre quelque part ??? quand ? Pourquoi ? S'il y a une guerre, ç'aurait pu être un levier scénaristique intéressant pour faire sortir l'homme des bois et son fils de leur foret ? Il y a des blessés mais la population ne semble pas souffrir de privation ?? C'est quoi ces uniformes rouges ? La fête au village devant cinq soldats qui défilent est pathétique, tout le monde est immobile, rien ne se passe... Le docteur insupportable de gentillesse, au design quelconque, cette fillette pas farouche qui prend illico l'enfant sauvage en affection, les vieux grimaçants confits dans leur vengeance personnelle.. le "jour des corneilles" final qui arrive sans que des relations spéciales aient été préparées entre le fils courge et les animaux à part cette histoire d'attelle pas assez fouillée... l'origine du drame semble aussi assez futile, juste un bécotage dans le foin, tout ça pour ça ?

Bref, pas mal de maladresses selon moi qui empêchent totalement la magie de prendre, le coté un peu niaiseux du Vent dans les saules prenant le pas sur la poésie proche du Chien, du général et des oiseaux.
Pourtant il y a des choses réussies et des moments de grâce assez marquants ; le plan où la gamine regarde sous son lit m'a touché, le fils courge sur la tombe de sa mère, la forêt en hiver, les vols des oiseaux... Le film est coloré, plutôt enlevé et bien joué.
Mais surtout j'ai trouvé le fond terriblement désespérant, ce principe selon lequel une vie peut être gâchée par une scène de ménage, que le gamin ne peut retrouver l'amour de ses parents que lorsqu'ils ne sont plus là et surtout cette morale déiste de la rédemption par la mort me hérissent au plus haut point.
Et sinon pas de comparaison avec Miyazaki ici, malgré des forets généreuses, des sangliers et tout.. mais le Vieille Ronce (la méchante) a un design très Otomo-esque...
En tout cas l'avis a été assez unanime au sortir de la salle et je doute que mes gamins conseillent le film à leurs copains. Pourtant je trouve quand même qu'il sort du lot et qu'il offre un conte un peu hors du temps, assez singulier...
Au vu du générique, une partie de l'animation a été soustraitée en Corée du Sud.
Le film est de Jean-Christophe Dessaint qui fait donc du Dessaint-animé.. hu hu... Le site officiel.
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