
Je pitche ;
Jack frost est une divinité mineure, son fabuleux travail de création de flocons de neige et autres blizzard n'est pas reconnu par les enfants alors que Nord (le père Noel), la fée des dents, le marchand de sable ou le lapin de pâques (qui se bat avec des boomerangs... oui oui) sont des divinités majeures, gardiens désignés par le "bonhomme de la lune" (sic) pour préserver les enfants des cauchemars et autre obscurité flippante.
Mais voila, Noirceur, divinité majeure aussi, maître des ombres et des mauvais rêve, refait surface et il va falloir l'aide d'un cinquième gardien pour le renvoyer d'où il vient. Jack frost est donc désigné pour faire partie du quintet et apporter sa fantaisie au groupe de surveillants. Ses doutes lui permettront-ils de se joindre à eux ?
Le film est visuellement réussi à mon avis. Les designs, l'animation assez naturaliste, le travail de particules (noir vs doré) et de rendu sont originaux et forment un visuel assez séduisant.
Mais pour le reste je suis très énervé par un contenu d'une affligeante bêtise. Plus que ça, je qualifierai ce film de négationnisme culturel, de prosélytisme crétin voir d'obscurantisme. Si si.

En gros le film recense les croyances populaires et les institutionnalise de façon bien souvent ridicule. La fabrique des œufs de pâques qui vont en foule se baigner avec leurs petites papattes dans les flots de couleur dans le terrier du lapin est d'un ridicule achevé. Les colibris-bébé-fées des dents sont d'une nunucherie à tomber, le père noël géant russe tatoué au rire franc qui jure en citant des noms de compositeurs russes (Rachmaninov !... je n'y ai pas cru la première fois... Rimsky-Korsakov !... ha bin si tiens...). Le plus choquant est que tout est américano centré, même si on ne cesse de voir d'immenses mappemondes brillantes avec des plans sur l'Australie, Bornéo ou Madagascar, où se trouve la dernière petite lumière, celle du dernier enfant à croire encore aux fées et aux créatures magiques ? Aux Etats unis bien sur...
Seul pays capable de générer cette naïve générosité en tout un tas de croyances autogénérées. Hé oui, car ces personnages magiques ne vivent que parce que des enfants croient en eux ! C'est le mythe de la fée clochette, si t'y crois plus, elle crève la luciole en minijupe !
Pas possible de se dire que quand c'est l'hiver dans l'hémisphère nord, c'est l'été dans le sud. Que Noel est donc en été en Australie. Que le marchand de sable vient de cette habitude qu'ont certains enfants à se frotter les yeux quand ils ont sommeil (du sable dans les yeux vous croyez vraiment que ça fait dormir ???), que beaucoup croient que ce sont les cloches de Rome qui laissent tomber les œufs de Pâques, que ces fêtes sont intimement liées aux croyances religieuses, elles même découlant de rites païens liés au cycles naturels, qu'en est-il du monde arabe, de l'Asie ?...
Ah si.. il y a bien une petite souris "service outre atlantique" concurrente de la fée des dents qui apparaît dans une séquence... Anecdotique. Que peut faire cette petite souris couinante face à la puissance colorée de la fée en chef ?
Il est là le négationnisme : de variété point. Le monde est américain et c'est marre. Un peu comme les planètes dans Star-wars : une planète désert, une planète de glace, une planète d'eau, de forêt, de ville... Latitudes ? Hémisphères ? Variété des climats ? Allons... on ne va pas embrouiller les petits esprits avec des futilités. La terre c'est planète-USA.
D'un coté je pourrais me réjouir de ce que ce film laïcise des fêtes religieuses et propose de les échanger contre une mythologie fantasque, mais de l'autre je vômis cette propension au déisme : crois et les dieux vivront, le dernier croyant sera récompensé, l'orthodoxie est souveraine... Bon, j'exagère probablement mais la morale est vraiment affligeante.
Surtout que les adultes, parents, sont totalement absents du film. Ils n'achètent évidemment ni jouets à Noel ni œufs à Pâques pas plus qu'ils ne mettent le cadeau en échange de la dent (qui au passage ont toutes de jolies racines photogéniques). A part une présence vocale, forcément incrédule face à la magie naïve de l'enfance, il n'y a pas d'adulte dans ce film.
On est vraiment sur le principe de la continuité, de la tradition, de la naïveté enfantine.. Mais crotte, qui crois encore à ça à part les américains et les gamins de moins de trois ans ?!
Je me réjouis donc que ce film ait foiré, pas pour les artistes qui ont finalement assez bien fait leur job, mais pour ce salmigondis indigeste de mythes à la sauce barbecue, ce ramassis de cartes postales kitsch américanisées qui continue de se foutre de l'intelligence des mômes. D'ailleurs j'ai proposé à mon fils de le regarder avec moi, lui qui n'est jamais contre deux heures d'images animées a refusé tout net, ses copains lui ayant fortement déconseillé de le voir. C'est ce que je trouve finalement de plus rassurant.
Le film est réalisé par Peter Ramsey d'après les livres de William Joyce (Les gardiens de l'enfance)
Le titre était plus intelligemment traduit au Québec : Le réveil des gardiens (Rise of the guardians en anglais)
Allez, la bande annonce...
Fichu métier...
Hu ? C'est pas mon métier ?... crotte... J'aurai pu regarder un vrai film à la place. Pfff...