C'est un film d'anticipation qui considère qu'en 2024 le monde aura subit une catastrophe écologique qui l'enferme dans une couche de nuages gris et sale. Le monde s'est replié sur ses sous-sols et un gigantesque réseau de métro réunit toutes les villes d'Europe.
Roger, obscur garçon de bureau d'un standard téléphonique suédois entend tout à coup une voix qui n'est pas la sienne dans sa tête. A partir de là sa vie rangée et un peu déprimante va basculer dans l' improvisation. Il va suivre un mannequin d'affiches publicitaires dans le Metro et se retrouver mêle à un complot international de dirigeants qui cherchent à contrôler le monde via des produits de cosmétique en espionnant leurs pensées et en les manipulant.
Assez court (1h20), le film est à classer dans les récits d'anticipation pessimistes avec Brazil, 1984 , La jetée ou le récent Fard.
Mais si le fond est assez classique, c'est la forme qui est le plus singulière car le film a un rendu réaliste à base d'acteurs réels, de photomontages et de compositing. Ça donne un univers réaliste mais les proportions des personnages sont accentuées (grands yeux grosse tête), les décors sont photoréalistes aussi, sombres, post apocalyptiques pour les extérieurs, déserts, les intérieurs sont peu éclairés et le tout a un rendu presque noir et blanc, avec des teintes sépias et brunes.

J'ai été peu enthousiasmé par le film, si je lui reconnais une personnalité forte et un propos singulier, je trouve l'histoire assez commune.
Le coup du shampoing est un sommet de fantaisie mais le film est déjà basé sur un concept cinématographique totalement irréel : la voix intérieure. Le personnage se parle ou plutôt on entend ses pensées et une voix étrangère (pas si différente d'ailleurs d'où confusion) interfère dans son monologue. Bon, c'est vrai que le film est dans un "futurisme rétro" à la Brazil, la technologie du futur est ringarde, pleine de petits écrans cathodiques, de vieux moniteurs genre sonars et de boutons-manettes. Les décors sont en formica et compagnie et si c'est assez photogénique ça enlève tout de même à la crédibilité de la chose surtout quand on parle de contrôle mental via nanotechnologies. Les plus cinéphiles défendront ce parti-pris artistique et cinématographique - après tout j'avais adoré dans Brazil - mais là ça m'a géné.
Puis le film est très bavard et bouge très peu. Les mouvements sont tellement rigides et numériques qu'il n'est pas possible que ça ne soit pas intentionnel. Les personnages sont vus de face ou de profil sans intermédiaires, il n'y a pas de courses ou de mouvement brusques et le film est une succession de translations tantot horizontales et tantot verticales. Ça lui donne une personnalité très raide, radicale mais peu amène.

Bon je ne regrette pas de l'avoir vu et je vous conseille d'y aller si vous en avez l'opportunité mais je ne pense pas que le film emporte un enthousiasme débordant.
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La bande annonce