Le dernier film d' Isao Takahata sera donc projeté ce soir en ouverture à Annecy et certains fous le verront peut-être.
C'est l'occasion pour moi de dire tout le bien que je pense du film - même si je n'irai pas jusqu'à en faire une révolution dans l'art de l'animation. C'est le film d'un réalisateur sans concessions qui déclarait dans un grand quotidien nippon à la sortie du film que
"répondre aux attentes des spectateurs n'est pas suffisant". C'est aussi le film d'un homme extrêmement cultivé et cela se ressent dans le traitement qu'il reserve au conte : fidèle au texte, il n'y a nul ajout d'aventures superflues, nulle concession à la modernité qui voudrait donner aux personnages des attitudes et des modes de pensée contemporaines. La palette de couleurs est celle du moyen-âge japonais et la composition de l'image emprunte beaucoup aux anciens rouleaux peints - enfin, je crois : d'autres plus érudits que moi vous en disent sûrement plus au moment où je tape ces lignes.
Mais tout en restant fidèle au texte et à l'esprit des contes, il réussit tout de même à placer son propre univers et son propre regard - infiniment plus charitable envers nos faiblesses humaines que ne l'est son compère obsédé de discipline et de travail.
J'aurais un conseil toutefois : jetez un oeil à la fiche wikipedia du conte original (
http://en.wikipedia.org/wiki/Kaguya-hime). En respectant la structure du conte (connu de tous ici), il me semble le réalisateur assume que ses spectateurs connaissent les péripéties et le final - qui surviennent donc sans être réellement emmenés.
Sinon le film semble avoir médiocrement marché au Japon. Dans mon entourage les japonais non spécifiquement amateurs d'anime et plus amateurs de littérature et de peinture ont tous adorés... mais les petits jeunes derrière moi dans la salle sont sortis en disant
"qu'est ce que c'est que ce truc..." (nan'no kotchaaa...)