FOlles et fous,
bonjoir
cette année je participais pour la deuxième fois au festival en tant que bénévole, trois demi-journées de boulot pour un pass c’est plutôt un bon plan, j’ai donc pu prendre beaucoup de temps pour aller me remplir la tête d'animation.
J’ai pu voir l’intégralité des courts en compet, quelques hors compet, des séances spéciales, des works in progress, des making of, des ptits dejs du courts...
J’ai beaucoup apprécié la diversité des techniques présentés, embrassant un bon nombre d’outils, du sable, du papier découpé, de la pixillation, pate à mo...
Je vous présente ici les films qui m’auront marqué avec tout ce que ça a de subjectif.
Lettre de femmes
C’est sans hésitation que j’ouvre cette sélection avec Lettre de femmes, prix du public (dont je trouve le système de votes plutôt aléatoire d'ailleurs) Ce film d’ Augusto Zanovello, produit dans les studios de la ménagerie à Toulouse, a été pour moi un des courts les plus marquant de cette année.
C’est vendredi (5ème jour du festoch) et j’ai pourtant plusieurs courts dans la vue quand lettre de femmes et ces personnages de papier mâché m’arrivent.
Le début est un peu poussif, un énième film sur les tranchées me dis-je, pourtant petit à petit l’histoire prend sa place.
Et puis une idée formidable, un médecin guérit les blessé du front avec des bout de lettres qu’il trouve soit dans sa sacoche soit dans la veste du blessé. Pendant qu’il manipule ces bout de papiers, souvenirs de la relation épistolaire de l'estropié avec sa compagne, le contenu de la lettre nous est conté en fond sonore.
C’est dans ce principe fort, fil rouge du récit, que le film prend tout son sens. La mièvrerie annoncée de ce genre de thème est évitée et le récit amené vers un paysage poétique.
C' est à mon sens quand la technique utilisée et le récit déployé sont intimement liés, qu’une oeuvre devient puissante.
Ils sont rares les films dont la forme embrasse à ce point le fond, (Astigmatismo s’y est aussi essayé cette année dans un essai que j’ai trouvé bien moins convaincant) l’animation permet ce genre d’exercice et Lettre de femmes en est un formidable exemple
Cochemare
C’est au premier jour du festival que je me rends au programme de la vie des marionnettes de la section off-limits. En grand fan d’ oeuvres hybrides (where the wilds things are en prime) j’attendais beaucoup de ce programme. L’ensemble se révélera très décevant pour ne pas dire ennuyant.
Exception faite de l’ovni qui ouvre la séance, il a pour nom Cochemare et il s'agit de la dernière réalisation de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski (les artisans de Madame Tutli-Putli). Ce mélange entre prise de vue réelle, animation volume et image de synthèse restera ce que j’ai vu de plus enivrant dans cet Annecy
C’est chaussé de nos lunettes stéreo que l’on découvre, tout en douceur, une forêt tactile peuplée de gros escargots baveux. Puis une apparition, une femme en négatif comme n’appartenant pas à cette dimension déambule merveilleusement au milieu de simili de Gollum avide de la bave de la belle.
La suite de l’histoire n’a pas grand intérêt ici, tant le film se vit et s’expérimente plus qu’il ne se comprend (à la première vision du moins). Cochemare est un voyage onirique en suspens qui me happera et me déstabilisera du début à la fin, m’amenant vers des horizons, des émotions jusqu' alors inexplorés. Les notes distillés par Patrick Watson (un groupe qui a simplement révolutionné mon approche de la musique il y a quelques années) finissent de m’achever, je reste béat, en profite juqu’ à la fin. Des larmes de jouissance restent en suspens dans l’air, elles le resteront pour quelques jours.
La dernière fois que j’avais ressenti ça ce fut devant le non moins génial Between bears d’Eran Hilleli.
Feral
Je ne me rappelle que très peu de choses de Feral finalement, si ce n’est
qu’il a été la parenthèse sublime dans un programme (le 1er des courts métrages en compèt’) plutôt mou,
que son atmosphère intense tient à des graphismes somptueux, un noir et blanc richement texturé, un jeu d'ombres et de lumières luxuriant,
qu’il y est question d’un enfant sauvage qu’un chasseur essaye de domestiquer en vain,
que c’est un film de Daniel Sousa,
et que ca a été un des meilleurs moments que j'ai passé devant l'écran.
La grosse bête
La grosse bête de Pierrre-Luc Granjon est certainement un de mes plus gros de coups de coeur du festival, un film plein de malices, une réfléxion habile sur la peur mélée à un univers atypique de papiers découpés. Un film frais avec une large galerie de personnages et une narration originale.
C’est un derniers courts qui m’aura marqués cette année.
Mais il y eu aussi en désordre
Betty's Blues, film moitié marionette moitié 2D tradi de Rémi Vandenitté, de loin un des films les plus aboutis du festival
Vertige, jouissive expérimentation en pixillation de Christophe Gautry et Mathieu Brisebras dans lequel le plan horizontal devient vertical,
le très chouette Mademoiselle Kiki d' Amélie Harraut et ses outils variés mais toujours étincelants,
l'attendu Kick Heart de Masaaki Yuasa qui a tenu toutes ses promesses
le Peau de chien de Nicolas Jacquet que j'ai revu avec enthousiasme
tout comme le génial Caketrope d'Alexandre Dubosc
le perturbant Norman de Robbe Vervaeke dans une sensible et vibrante peinture animée
l' excellent les voiles du partage de Pierre Mousquet et Jérôme Cauwe, dans la lignée de Je te Pardonne
le très beau Obida d' Anna Budanova, prix spécial du jury
Tante Hilda
Je n'ai vu que très peu de longs mais je citerais Tante Hilda, le dernier long de Jacques-Rémy Girerd,
parce que c'est un film qui fait parler qu'on l'ait apprécié ou pas, il est un bon point de départ à la discussion,
parce que je trouve ça courageux de faire un film à ce point engagé en animation,
et parce que ça fait longtemps que j'avais pas vu un long d'une telle fraîcheur graphique du début à la fin (depuis tekkon kinkreet en fait)
Pour finir, même si l' ideé n'est pas vraiment de citer les films que j'ai trouvé mauvais,
j'ai envie de citer le catastrophique Gusuko-Budori no denki, long métrage japonais de Gisaburo Sugii,
qui est pour moi un énorme gâchis
particulièrement dans son scénario bancale
où il manque cruellement de liant et de logique
on ne comprend ainsi jamais où on veut en venir,
beaucoup de faits de l'histoire sont abordés pour être enterrés aussitôt,
aucun rythme ne parvient à tenir le récit, je me suis personellement emmerdé du début à la fin,
les personnages ne sont ni convaincants ni touchants
reste l'anim', très traditionelle, qui est plutôt respectable (et qui donne justement un sentiment de gâchis)
Au final on n'a vraiment l'impression d'un film bâclé
et une nette coupure vers la fin du film, qui nous amène 5 minutes plus loin dans le récit, nous faisant ainsi rater le final ne vient que confirmer que le film, certainement pas fini, n'avait rien à faire là