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Servais Raoul
Smith Kathy
Sproxton David
Svankmajer Jan
Takahata Isao
Tezuka Osamu
Trnka Jiri
Yamamura Koji
Zeman Karel

 


Nom : Raoul Servais
Nationalité : Belge
Dates : Né le 1 mai 1928 à Ostende (Belgique)
Techniques : Animation traditionnelle, mix d'animation et de prises de vue réelles

Raoul Servais est né et passe son enfance à Ostende. Ses parents sont commerçants. Leur magasin de porcelaine est au rez-de-chaussée d’un vieil hôtel avec des longs couloirs sombres, des caves et un souterrain remplis de mystères qui nourriront l'imaginaire du jeune Raoul.

Son père est un homme qui aime la science et la technologie et partage volontiers ce loisir avec son fils. Ensemble, tous les dimanches après-midi, grâce à leur petit projecteur Pathé Baby 9,5mm, ils visionnent Félix le chat, Charles Vanel ou encore Charlot. Ainsi Raoul Servais se familiarise avec le cinéma : courts et longs métrages et… dessins animés…

Passionné de cinéma d'animation, Raoul Servais mettra des années à approcher son rêve.

A cette époque, le petit Raoul voyage sans quitter sa ville. Cette école est en effet l’unique école d’Ostende à accueillir tous les réfugiés républicains, fuyant le nazisme. Raoul est un des trois Flamands de la section francophone de l’école. Il est entouré de Basques espagnols, de Juifs allemands, d'Italiens, d’enfants de diplomates anglais ainsi que d’un Australien. Il dira que ce melting-pot l’a considérablement enrichi et a fait une barrière inébranlable à une quelconque velléité d’accepter les mouvements ethniques nationalistes. Mais la guerre ruine ses parents et les bombardements sur Ostende le traumatisent profondément et durablement.

Raoul Servais reste peu à l’école secondaire et se fait embaucher comme assistant décorateur dans un des supermarchés « Innovation ». Son travail et ses dessins y sont tant appréciés qu’on lui propose de le payer double quand il annonce son départ. Mais non, il souhaite reprendre des études diplômantes.

Il est admis en arts appliqués à l’Académie des Beaux-Arts de Gand. Déjà mordu d'animation, Raoul Servais monte un petit studio dans une serre avec quelques copains. Bien que le montant du loyer soit peu élévé, Raoul Servais doit économiser sur la nourriture. Dessin après dessin, Raoul Servais élabore son dessin animé malgré l’absence de caméra. Devant sa pugnacité, un professeur de l'Académie des Beaux-Arts, Albert Vermeiren, l'acceuille chez lui et l’aide à confectionner une caméra… avec une boîte de cigares! Ainsi, Spokenhistorie (Histoire de fantômes) peut être projeté. Bien que la netteté et le mouvement des images soit plus que décevants, Raoul Servais n’a plus qu’un désir: continuer !

Il s’épanouit dans ses études, essaie tout : peintures murales, affiches, vitraux, découpages, cartons de tapisserie… A sa sortie de l’école, la rencontre de Maurice Boel, un peintre d’Ostende, est un tournant pour lui. Boel est très cultivé, ensemble ils réhabilitent le ciné-club d'Ostende en empruntant des films à la Cinémathèque Royale de Belgique.

Jeune homme, Raoul Servais est prêt à tout, en vain, pour percer les secrets de fabrication des films d'animation.

Affecté à Gand pour son service militaire, Servais rencontre toutes les semaines son ancien professeur Albert Vermeiren et s’essaie à l’animation de marionnettes, mais ce projet n’aboutira pas. Ne parvenant pas à percer le secret de certaines techniques de l’animation, Raoul Servais se fait passer pour un reporter effectuant un article sur « le cinéma d’animation en Flandres. » Bien que reçu aux studios Animated Cartoons à Anvers de Ray Goossens, il ne lui est pas permis de visiter l’espace réservé aux caméras, justement ce qui l'intéresse le plus. Persévérant, il se fait alors recevoir à Paris au Studio des Gémaux de Paul Grimault, mais là, on lui cache également et il comprend que partout des stratégies sont mises en œuvres pour qu'aucunes vue d’ensemble de la production ne soit permise!

Cependant, désireux de concrétiser ses rêves, Raoul Servais fait du cinéma en amateur, comme son père le faisait, en prises de vues réelles. Malgré ces quelques productions amateurs, Raoul Servais ne parvient pas à monter la marche de ses rêves : le passage du 8mm au 16mm. Il va économiser sou après sou avec son épouse, pour s’offrir la caméra Paillard Bolex, celle repérée en vitrine à 25.000 Frs Belges. Quand enfin, dit-il, j’ai pu entrer dans ce magasin pour l’acheter, quelle sensation ! tout en rajoutant aussitôt qu’il lui manquait encore autre chose : un banc titre!

A défaut d'être cinéaste d'animation, Raoul Servais devient un des collaborateurs du peintre René Magritte.

Une opportuinité s'offre alors à Raoul Servais pour lui faire un peu oublier ses déceptions dans le cinéma d'animation… En 1953, il va travailler dans « la Salle du lustre » du Casino de Knokke aux côtés de René Magritte. Celui-ci accueille très mal les quelques propositions que Raoul Servais ose exprimer concernant quelques détails techniques mais également chromatiques… Raoul Servais est fasciné par Modèle rouge et ses pieds-chaussures devant un mur que lui-même doit représenter sur les murs de la salle circulaire… Il sera durablement touché par ce travail auprès d'un des maîtres du surréalisme.

Avec maintenant, une femme et deux enfants, Raoul Servais aspire à une vie moins chaotique. Engagé politiquement, c’est par les Jeunesses Socialistes puis le Parti socialiste qu’il est payé pour ses premières réalisations : il illustre Histoire du Parti ouvrier belge et produit des dessins pour Vooruit, une parution socialiste de Gand, puis également pour Le Peuple, journal francophone également socialiste, et enfin dans Germinal, le journal du parti.

A partir de 1960, Raoul Servais parvient enfin à développer son œuvre nourrie d'un surréalisme évidemment belge, c'est-à-dire un peu cruel et assez désenchanté…

En 1960, il décroche enfin un poste stable de professeur d’arts appliqués à l’Académie de Gand et va pouvoir consacrer son temps libre à la réalisation d'un film en chantier depuis trois ans déjà: La fausse note, mais force lui est de constater son manque de connaissances techniques, surtout en son, pour ce vaste projet, qu’il se résigne de nouveau à différer. Il se consacre alors à la réalisation de Het Loze Vissertje (le petit pêcheur fou), une chanson du folklore flamand, et prend le temps de parfaire son savoir pour pouvoir produire une bande sonore. Plus tard, en effet, il réutilisera cette base pour Havenlichten (Les Lumières du port), pour lequel il demande l’aide, entre autres, de Jean Decock, un ami « pro » de la sonorisation, extrêmement pointilleux. Pour pouvoir finir son film, Servais se fera même aider de ses étudiants, de sa femme, et de bien des copains et amis.

Les Lumières du port mettent en scène les péripéties d’un petit réverbère branlant, mal vu des grands réverbères bien droits, qui secourt, avec naturel, un phare en perdition et devient tout à coup honorable aux yeux de tous. C’est avec ce même "naturel" que Raoul Servais manie le cinéma d’animation ! Il donne à voir la réalité presque mieux qu’un instantané en la rehaussant d’une touche d’originalité. La lumière est la vedette du film et son fil conducteur. Raoul Servais présente son film à Anvers au Festival national du film belge aux côtés de Ray Goossens et de bien d’autres professionnels de l’animation. Recevoir dans ces conditions le premier prix du festival le sidère littéralement!

Avec l’argent de son premier prix, Raoul Servais peut envisager un projet plus ambitieux, et il le fait! Et même très ambitieux! Lui qui avait eu tant de mal à s’offrir sa Paillard Bolex, il décide tout simplement de se tourner vers le 35mm! Le grand écran! Quel pari pour un autodidacte du cinéma d’animation! Dans un pays qui brille si peu par ses productions cinématographiques que même les cinéastes professionnels partent ailleurs, lui, le cinéaste du dimanche après-midi, se lance dans l’aventure. Il achète à Jean Rens, un caméraman bruxellois, une Debrie de 1928 qui sera adaptée à la prise de vue image par image grâce à son ami Seynaeve.

Après quinze ans d'effort, Raoul Servais a enfin les moyens de développer son œuvre… Une œuvre qui fera de lui un des plus célèbres animateurs de son temps et sans conteste le plus grand animateur belge. Ses films seront couronnés par plus de 50 prix internationnaux dont la Palme d'or du court métrage à Cannes pour Harpaya en 1973.

En 2007, nous avons pu voir un dernier petit court métrage de Raoul Servais dans le film Jours d'hiver initié par Shimamura Tatsuo et distribué en france par Les Films du paradoxe. Il s'agissait de l'adaptation en cinéma d'animation d'un poème traditionnel japonais : le premier renku du poète Matsuo Munefusa Bashô où chaque strophe en forme de haïku. Dans le film, chaque cinéaste a réalisé un court métrage correspondant à une strophe. Il en résultait une compliation improbable et réjouissante où beaucoup d'univers de l'animation contemporaine se télescopent et dialoguent entre eux. Parmi les cinéastes qui se sont prêtés au jeu de cette création collective on retrouve entre autres: Isao Takahata, Pojar Bretislav, Youri Norstein,Kôji Yamamura et… Raoul Servais.

 

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Puce DVD

L'Intégrale des courts métrages de Raoul Servais

DVD - Raoul Servais

www.chaletfilms.com

L'excellent Taxandria enfin réédité

DVD - Taxandria

www.heeza.fr

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puce LIVRES DE RÉFÉRENCE

Souvenirs de l'éternel présent, par François Schuiten, Benoît Peeters et Jean-Claude, Raoul Servais

www.amazon.fr

Philippe MOINS "Raoul Servais: Itinéraire d'un ciné-peintre" (Français, Anglais), Fondation Raoul Servais, Gand. (épuisé)

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puce SITES EN FRANÇAIS

www.raoulservais.be
interview de RaoulServais par Philippe Moins sur AWN.com

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puce SITES EN ANGLAIS

www.raoulservais.be

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puce FILMS SUR LE WEB

youtube.com
www.tudou.com

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puce FILMOGRAPHIE

Havenlichten (1959)
Omleiding november (1963)
Valse noot, De (1963)
Chromophobia (1966)
Sirene (1968)
Goldframe (1969)
To Speak or Not to Speak (1970)
Operation X-70 (1971)
Pegasus (1973)
Harpya (1979)
Schöne Gefangene, Die (1982)
Taxandria (1994)
Papillons de nuit (1997)
Atraksion (2001)

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Nous avons fait de notre mieux pour être le plus complet possible sur ce cinéaste mais si vous disposez d'informations complémentaires, merci de nous en faire part. Nous aurons à cœur de les mettre en ligne pour participer à faire connaître son œuvre.

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Fred Joyeux pour fousdanim

Crédits photos DR